Avec un père clarinettiste à l'Opéra de Strasbourg et une mère soprano, normal qu'on l'ait surnommé le Nijinski du sifflet. 

On le croyait retiré là-haut, dans le nord de l'Alsace, près de la frontière allemande, mais Robert Wurtz est toujours prompt à mettre la tenue d'arbitre ou le costume pour donner le coup d'envoi d'un match. Avec sa jovialité et sa faconde habituelles. 

Si Robert Wurtz a pris de la hauteur dans les Vosges du Nord, il n'en a pas rangé le sifflet pour autant. Retiré au calme à Climbach (commune située à 355 mètres d'altitude) depuis son hémorragie cérébrale en 2007, il a quitté les plateaux de télévision où il arbitrait avec fougue les jeux d'Intervilles, mais fréquente encore les terrains de football dans sa 75ème année. 

La passion du Tour

«Savez-vous quand j'ai arbitré officiellement la dernière fois?» demande-t- il, toujours aussi féru de dates et d'évènements. A peine le temps d'esquisser une amorce de début de réponse et l'ancien arbitre international, surnommé le Nijinski du sifflet, est déjà parti dans une longue tirade d'explications très détaillées.

 «C'est le 5 septembre dernier à Dijon. Un dénommé Stéphane Erhart, de l'UEFA, m'appelait pour un match contre la maladie d'Alzheimer avec des anciens de l'équipe de France contre des anciens de l'OL et j'ai arbitré pendant un quart d'heure. Puis j'ai fait juge de touche. Sur le terrain, il y avait Gallas, Abidal, Thuram, Leboeuf...»

Robert Wurtz énumère les noms de joueurs au fur et à mesure qu'ils lui reviennent, sans oublier de préciser que c'est le maire de la ville, François Rebsamen, qui a donné le coup d'envoi. Nulle trace de perte de mémoire donc chez l'arbitre né à la Meinau qui se plait à réciter de mémoire les vainqueurs du Tour de France, le vélo étant une autre de ses passions sportives depuis qu'il a vu l'arrivée de l'étape Colmar - Strasbourg en 1948, l'année du grand Bartali, route de Colmar. 

De la Volksmusik à la politique 

Mais quand on dit vainqueurs du Tour, ce sont les anciens vainqueurs, pas ceux des dernières éditions. 

«Ils disparaissent parfois du palmarès avant qu'on ait le temps de les retenir» 

Le «dinosaure», tel qu'il se qualifie lui-même, ne regarde plus beaucoup la petite reine à la télé. «Paris -Roubaix parfois, ou l'une ou l'autre étape du Tour de France» précise l'arbitre qui s'est rendu célèbre par ses sprints et sa gestuelle. Comme à Intervilles.

A l'inverse, le football est toujours fidèle sur l'écran du Nijinski du sifflet, entre des émissions de Volksmusik allemande et certaines émissions politiques françaises sélectionnées. 

«Je regarde toujours la Bundesliga, le foot anglais, un peu le foot français.»

Le Climbachois d'adoption ne refuse pas de se déplacer, véhiculé par sa femme (il n'a pas le permis), pour donner un coup d'envoi de match. «Carlo Molinari m'a invité à le faire le 20 septembre 2014 pour un Metz - Bastia» glisse-t-il avec sa précision habituelle.

Pieds nus dans la nature

A propos, le surnom de Nijinski lui vient des années 1970, d'une tournée en Amérique du sud, et les noms des joueurs de la Seleção de l'époque — il a notamment arbitré la Coupe du Monde de 1978 à côté de la bagatelle de 427 matches de D1 française — lui reviennent très vite.

A commencer par Roberto Rivelino, le «10» brésilien de cette équipe d'artistes comme il n'en existe plus vraiment. Et quand il ne fréquente pas les stades ou regarde la télévision, Robert Wurtz marche pieds nus dans la nature, «loin de la pollution», ou pratique les mots croisés et le sudoku. Encore une histoire de mémoire... 

Joël Hoffstetter

On découvre les années arbitre de Robert Wurtz en images

Article réalisé en partenariat avec l’Ami Hebdo

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