Pour lutter contre la fracture numérique et l’exclusion socio-professionnelle, la Maison Digitale ouvre ses portes aux femmes à Strasbourg. 

Ce jeudi matin, la troisième Maison Digitale alsacienne a été inaugurée, 17 rue de Boston, près de l’Esplanade, à Strasbourg. Tchapp y était. 

Ce projet est à l’initiative de l’Association Migration Solidarité et Échanges pour le développement (AMSED) et de la Fondation Orange

Son objectif : permettre, à des femmes défavorisées une meilleure inclusion sociale et professionnelle, en les formant aux outils numériques. 

L’inclusion des femmes, un impératif local 

Djilali Kabeche est le père fondateur de l’AMSED, chef de ce projet. Depuis 1998, son association se bat pour plus d’égalité des chances et le dialogue interculturel. 

Il faut lever les obstacles numériques que peuvent rencontrer certaines femmes, les aider dans leur recherche de travail, dans leur quotidien. Et cela passe par la formation aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

Avec l’aide de la Fondation Orange et de la Ville de Strasbourg, la Maison Digitale a pu proposer son premier parcours de formation en septembre. 

La Fondation Orange a versé 7 000 euros à l’AMSED pour l’achat du matériel informatique. Son représentant, Francis Jacqueray précise : 

On souhaite mettre en place un écosystème de la solidarité dans les territoires. La Maison Digitale est un projet sur le long terme. Pour nous, il ne s’agit pas seulement d’acheter des ordinateurs, mais d’accompagner.  

De son côté, la Ville soutient l’association chaque année à travers une subvention d’environ 70 000 euros. Françoise Bey, adjointe au maire de Strasbourg, rappelle que ce projet s’inscrit dans l’axe défendu par l’Eurométropole. 

Nous voulons pousser les femmes à aller vers les métiers du numérique ou tout simplement à pouvoir s’en servir dans leur quotidien. 

D’après le Syntec Numérique, seuls 33% des femmes sont dans les métiers du numérique alors qu’elles représentent 53% de la population active. 

Sur le chemin de l’emploi

Ouenessa est en reconversion professionnelle. Elle a longtemps travaillé comme aide à domicile. À cause d’un problème au genou, ses possibilités d’emploi sont désormais très restreintes. 

Pour augmenter ses chances de travailler à nouveau, la mère de famille de 54 ans se rend à la Maison Digitale, depuis son ouverture, en septembre dernier.

En plus de mon handicap, je ne savais pas me servir d’un ordinateur. En quelques mois, j’ai appris à naviguer sur des sites Internet. J’ai pu actualiser mon CV et écrire des lettres de motivation pour chacune de mes candidatures. J’espère sincèrement atteindre mon objectif final et trouver un emploi. 

92 femmes ont déjà rejoint le dispositif. 

Apprendre 

La majorité des femmes inscrites sont peu qualifiées et éloignées de l’emploi. Qu’elles viennent de quartiers défavorisés, de foyers d’hébergements ou même de l’étranger, elles sont toutes animées par l’envie d’apprendre et de réussir. 

A la Maison Digitale, elles peuvent suivre des ateliers techniques. En groupe de six environ, selon leur niveau, elles apprennent les bases de l’informatique et de la navigation en ligne. 

Les participantes peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement individualisé pour les aider à cibler les offres d’emploi et à rédiger leurs lettres de motivation.

Mais pour certaines femmes, il existe une barrière supplémentaire : la langue. 

Francesca, 19 ans, est venue de Roumanie il y a un an. Malgré son jeune âge, elle ne s’y connait pas très bien en informatique. 

J’aimerais devenir serveuse. Je ne parle pas encore très bien français mais ici, je peux travailler sur ma recherche d’emploi tout en améliorant mon niveau de langue.

Les difficultés linguistiques sont présentes mais ne sont pas insurmontables. L’équipe de la Maison Digitale s’efforce de trouver des solutions.

Les formateurs informatiques proposent, par exemple, de réorienter les femmes primo-arrivantes vers des cours intensifs de langue française. 

Une citoyenne à l’heure du numérique 

En plus de chercher un emploi, Zohra avait besoin d’aide administrative. 

Avant le début de ma formation, je n’y connaissais rien du tout. Maintenant, je suis capable d’aller un peu sur Internet, de faire des recherches. Je peux surtout faire quelques démarches administratives. 

De plus en plus de services publics passent par Internet pour faciliter certaines démarches. C’est le cas de la CAF, Ameli pour l’assurance maladie, de la préfecture et même de Pôle Emploi. Pas évident pour les personnes non connectées. 

Ne plus être seule 

Pour Gloria Finck (nom d’emprunt, elle veut garder l’anonymat), c’est autre chose. Très émue, l’ancienne responsable commerciale avoue avoir besoin de cette Maison pour surmonter les difficultés du quotidien. Gloria maitrisait déjà assez bien les outils du numérique mais elle voulait se sentir moins seule. 

Quand je me suis inscrite à Pôle emploi, je leur ai dit me sentir très seule et isolée. Ils m’ont alors parlé de cette structure. J’ai tout de suite adoré l’esprit de solidarité qui y règne. Quel que soit notre âge, notre culture, ici nous sommes les bienvenues. 

La femme d’une cinquantaine d’années rêve de pouvoir, un jour, créer sa propre association. Faire partie de la Maison Digitale lui permet aussi d’apprendre le travail associatif et social sur le terrain. 

La Maison Digitale semble déjà être une grande famille, aux portes grandes ouvertes et offrant plein d’espoir aux femmes qui la font vivre. 

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