En visite au Parlement européen à Strasbourg, Emmanuel Macron y a pour la première fois exprimé sa vision de l’Europe et de la poursuite du projet européen, et a par le même temps réaffirmé la place de Strasbourg comme capitale européenne.

Le discours d’Emmanuel Macron, prévu initialement à 10 heures, a commencé avec un peu de retard : le président français s’est entretenu un peu plus longtemps que prévu avec l’Italien Antonio Tajani, le président du Parlement européen.

Finalement entré dans l’hémicyle vers 10 heures 20, applaudi par les quelques 750 eurodéputés présents pour l’écouter, le président de la République s’est lancé dans un discours d’une vingtaine de minutes, sur sa vision de l’Europe et du projet européen. 

Reconnaissant l’existence de “différences” politiques au sein des pays membres de l’Union européenne, Emmanuel Macron a alerté sur le besoin de “ne pas en faire des divergences”, rappelant son attachement à la “démocratie libérale” (par opposition à la vision développée par le président hongrois Viktor Orban, se réclamant d’une forme de démocratie “illibérale”). 

Le chef de l’Etat français a également mis en garde devant les “tentations du pouvoir fort, du nationalisme, de l’autoritarisme”, appelant à défendre les valeurs de liberté chères à l’idée européenne :

La réponse n’est pas la démocratie autoritaire mais l’autorité de la démocratie.

L’Europe a montré un visage d’unité et de souveraineté

Emmanuel Macron a ensuite insisté longuement sur la notion de souveraineté (sur laquelle il sera repris par Florian Philippot lors du débat avec les eurodéputés) qui doit selon lui permettre de poursuivre le projet européen : souveraineté économique, commerciale, écologique, de la santé, numérique… 

Il nous faut continuer à construire cette souveraineté pleine et entière, et défendre une position unie, volontaire, protectrice de nos intérêts, de nos travailleurs comme de nos consommateurs.

Appelant à la réforme de l’Union économique et monétaire, il a proposé que la France augmente sa participation au budget européen, à condition que celui-ci soit réorganisé et en partie “conditionné” à des “critères de convergence, en matière fiscale et sociale” notamment. 

https://twitter.com/touteleurope/status/986162307196694528

Jean-Claude Juncker : “La vraie France est de retour

Le président de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, s’est ensuite adressé au président de la République, saluant l’élection d’Emmanuel Macron, qui selon lui “a redonné de nouveaux espoirs en Europe”.

Continuant sur une quinzaine de minutes à déployer un discours extrêmement laudatif à l’endroit d’Emmanuel Macron, il a ensuite salué le retour de “la vraie France” sur la scène européenne, devant l’air surpris du président de la République face au tacle adressé directement à son prédécesseur. 

François Hollande, qui avait suscité un sentiment de déception auprès de certains eurodéputés ou membres de la Commission européenne, appréciera l’hommage. 

Un discours suivi d’un débat avec les présidents des groupes parlementaires 

Après Jean-Claude Juncker, ce sont les présidents des groupes parlementaires au sein du Parlement européen qui ont eu l’occasion d’interpeller le chef de l’Etat et d’engager le débat sur des thèmes divers.

https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/986157886198951936

Parmi les interventions notables, celle de Philippe Lamberts, coprésident du groupe parlementaire des Verts/Alliance libre européenne : interpellant Emmanuel Macron sur les libertés individuelles en France et évoquant à demi-mot le passage dans la loi ordinaire des dispositions de l’état d’urgence, Philippe Lamberts a alerté sur les “violations de la devise-même de la France” :

L’Etat de droit garant des libertés s’éloigne de jour en jour en France. (...) Ayant fait le choix, indispensable, d’abandonner le projet insensé d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, vous et votre gouvernement avez fait le choix d’écraser dans la violence celles et ceux qui inventent depuis des années une manière différente de vivre.

https://twitter.com/touteleurope/status/986176317614968833

La réaffirmation de Strasbourg comme capitale européenne

Le discours d’Emmanuel Macron et surtout ses réponses aux questions des eurodéputés a aussi été l’occasion pour lui de défendre à nouveau la place de Strasbourg comme capitale européenne, et de rappeler la pertinence de la tenue des sessions parlementaires mensuelles à Strasbourg.

Il doit également se rendre au Lieu d’Europe, afin d’y signer le prochain contrat triennal ; ces contrats, qui prennent la forme d’un soutien financier à la Ville de Strasbourg, promeuvent la dimension profondément européenne de Strasbourg. 

https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/986156254061047809

Prochaine étape pour Emmanuel Macron : la visite demain à Epinal où il lancera les “consultations citoyennes”, sorte de débats publics annoncés de longue date par le parti La République En Marche, et qui doit préfigurer la campagne électorale pour les élections européennes. 

https://twitter.com/touteleurope/status/986161400648216576

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