La question est simple, mais la solution assez complexe : comment mieux respirer en ville ? 

Depuis plusieurs jours, l’air est pollué par des particules fines en Alsace (et dans les grandes villes de France). Selon l’ASPA, l’organisme chargé de la mesure de la qualité de l’air dans la région, on respirera mieux demain, après plusieurs jours d’une forte concentration de PM10. La carte de la qualité de l’air pour jeudi 8 décembre est verte (voir dans notre slider). 

Les idées

Allons à l’essentiel : les particules fines, c’est très mauvais pour la santé. Des organismes internationaux comme l’OMS alertent sur les morts causées chaque année dans le monde par la pollution de l’air (cancers, maladies cardio-vasculaires etc...).

Comment s’en sortir ? Tchapp a posé la question à Thomas Bourdrel, radiologue à Strasbourg. Il mène le collectif Strasbourg Respire, des médecins qui demandent une mobilisation générale pour améliorer la situation. 

Il faut un traitement de cheval, des mesures fortes, une révision complète par exemple de la politique de circulation.

Strasbourg Respire avait publié l’appel de 120 médecins, réclamant des mesures urgentes. Extrait :

La pollution est en forte hausse et se traduit par une perte d’espérance de vie, pour chacun d’entre nous, habitant à Strasbourg, de 8 à 12 mois (Etude Aphekom).

Voici quelques pistes.

Rendre le co-voiturage obligatoire en ville. “Il faudrait créer une plate-forme, profiter d’outils qui permettent de développer le co-voiturage”.

Interdire le diesel en ville. “Ce sera le cas à Mexico, Athènes à partir de 2025, c’est une très bonne initiative”. 

Interdire à la vente les véhicules diesel d’avant 2000. “Vieux moteurs, bien trop polluants.

Favoriser les véhicules propres en ville. “Avec un système de pastilles, déjà possible par différents dispositifs”.

Améliorer les contrôles des rejets d’usines pendant les pics de pollution. “Le job des services de l’État, on sait que ce n’est pas assez effectué en réalité.

Une “mesurette”

Et la circulation alternée ? Bof… Elle est en place à Paris depuis deux jours (reconduite demain jeudi). Elle sera lancée à Lyon et Villeurbanne vendredi. Mais Thomas Bourdrel n’est pas totalement convaincu par l’efficacité de la mesure.

Oui, il faut le faire. Mais on se rend compte que finalement, la circulation alternée fait peu baisser la pollution lors des pics sévères. Nous devons lutter contre la pollution de fond, les rejets quotidiens des voitures, usines, habitations. 

D’autres partagent cette opinion, en expliquant par exemple que les véhicules les plus polluants ne sont pas ciblés par ce dispositif. 

La réalité

Oui, lors des pics de pollution comme ces derniers jours à Strasbourg, les médecins voient plus de patients.

Les pédiatres, les généralistes ont plus d’enfants et de personnes âgées dans les cabinets. Principalement pour des pathologies respiratoires comme l’asthme. Je suis radiologue, j’ai un peu plus de radios des poumons chez les enfants qu’en période normale.

Reste que le gros du problème ne se voit pas : les maladies provoquées par la pollution et les particules fines. 

En 2010 dans le monde, 223 000 personnes sont mortes d’un cancer du poumon en lien avec la pollution de l’air. Une étude démontre encore qu’habiter à moins de 50 m d’un axe routier augmente le risque de morts subites cardiaques de 38% versus habiter à une distance d’au moins 500 m.

Strasbourg

En octobre dernier, Strasbourg a organisé un colloque européen sur la qualité de l’air. Le discours de Robert Herrmann, le président de l’Eurométropole, est instructif (disponible en ligne). Aussi (un peu) à contre courant...

Il note une amélioration sur le front de la pollution dans l’Eurometropole.… une diminution constante des populations exposées à des concentrations importantes, accompagnée d'une réduction globale des pollutions sur la métropole. Nous nous situons aujourd'hui en dessous les seuils européens pour une très grande majorité d'indicateurs. ” 

Moins de gaz à effet de serre sur Strasbourg. “Nous avons par exemple réduit de 33 % nos émissions de gaz à effet de serre, en particulier depuis la fermeture de la raffinerie de Reichstett.

Moins d’usage d’énergies fossiles (donc polluantes). “L'hydroélectricité couvre actuellement 12% de notre consommation. Nous souhaitons 30 % d'énergie locale et verte d'ici 2020.”

Il existe un plan de protection de l’atmosphère (avec la préfecture). “La marche à pied et le vélo qui représente 20 % des déplacements sur Strasbourg. 46 % des déplacements s'effectuent encore en voiture. Nous réfléchissons à la manière la plus efficiente de soutenir le renouvellement du parc automobile et le remplacement des véhicules thermiques par des véhicules silencieux et non polluants. La collectivité a par exemple mis fin à l'achat de véhicules diesel.

Et d’appuyer le projet du Grand Contournement Ouest de Strasbourg, qui “devrait permettre d'éloigner environ 35 à 40 000 véhicules par jour des dernières zones de dépassement de seuil”.

Vous le voyez, le débat est vif, les solutions sont multiples et surtout, elles doivent intervenir à plusieurs niveaux. Il y a le politique, l’économique et vous. Chacun doit se responsabiliser et repenser sa manière de se déplacer, de consommer de l’énergie en général. Sous peine de suffoquer encore longtemps...

Alain Jund, EELV, l’adjoint au maire de Strasbourg chargé de la transition énergétique à la ville et à l’Eurometropole, n’était pas disponible immédiatement pour répondre à nos questions.

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