François Hollande passe à la télé ce soir. Va-t-on enfin connaître la vraie date de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. 2018, calendes grecques ou jamais?

Par manque de fusion gouvernementale, le calendrier fait du yo-yo. À quand une annonce sur un début de procédure d’arrêt des deux réacteurs haut-rhinois? Avant mai 2017, selon la promesse électorale de François Hollande, avant la fin de l’année d’après Emmanuelle Cosse, avant même la fin de l’été dixit Ségolène Royal, pas avant 2018 affirme Emmanuel Macron.

2019 pour une amorce de planification !

La France veut réduire l’apport du nucléaire dans sa production d’électricité. 75% aujourd’hui, 50% en 2025. Il y a eu des débats, des promesses, des lois, des COP 21, du vert sur les communiqués et des Verts dans le gouvernement. Selon la Cour des comptes, il faudrait fermer un tiers des 58 réacteurs de l’hexagone pour atteindre le rutilant 50%. Et surtout passer franchement à l’éolien, au solaire, au renouvelable. Mais… la France repousse à 2019 toutes les annonces sur les chamboulements dans son parc nucléaire. Ou, combien, quand, comment, ce sera pas pour tout de suite. Officiellement, oui, la centrale de Fessenheim est toujours condamnée.

“Le bal des faux-culs”

La loi sur la transition énergétique plafonne la capacité du parc nucléaire français à son niveau actuel (63,2 gigawatts). Cela implique qu’une centrale ne peut ouvrir que si une autre ferme. Fessenheim, la doyenne (1977) laissera donc sa place à la petite dernière, l’EPR de Flamanville, dont la mise en service est prévue fin 2018. Ou plus tard, parce qu’on vient de découvrir que la cuve du nouveau réacteur est bourrée de carbone, ce qui n’est pas bon du tout pour la sécurité de l’installation. On repousse encore ?

Jean-Marie Brom est directeur de Recherche au CNRS, membre du réseau « Sortir du Nucléaire ».

Depuis le début, on assiste au bal des faux-culs avec François Hollande comme chef d’orchestre. Pas la peine de chercher de fausses excuses, il est possible de fermer Fessenheim dés maintenant. L’ASN peut le demander s’il y a un risque ou un danger. Et le Président de la République peut le faire aussi par décret. On est en train de lier la fermeture de Fessenheim à l’ouverture de Flamanville. Mais ce n’est même pas dans la loi.

 

EDF casse sa tirelire

Parmi les 58 réacteurs exploités en France, 24 auront plus de trente-cinq ans d’activité d’ici 2017. Un âge pour lequel l’IRSN met en garde contre une rupture brutale des cuves. C’est pourquoi EDF, premier exploitant nucléaire mondial, a cassé sa tirelire (55 milliards d’euros) pour activer le plan de grand carénage. Ces méga-travaux de maintenance permettent de prolonger le bon fonctionnement des réacteurs de 10 ans. Ce qui porte la durée de vie d’une centrale à un demi-siècle.

“On est drogué au nucléaire”

En France, on n’imagine pas sortir du nucléaire un jour. C’est comme une drogue. C’était bien dans les années 70. Les autres pays européens l’ont compris et privilégient les énergies renouvelables. Ici, on s’en fout. Un exemple : les brevets des panneaux photovoltaïques n’ont jamais été utilisés en France. Les Canadiens les ont rachetés et chez nous toutes les boîtes qui avaient misé sur cette énergie se sont cassées la figure.

renchérit Jean-Marie Brom.

“Si c’est juste pour démonter bureaux et toilettes...”

L’ancien conseiller municipal de Strasbourg, qui a quitté les Verts en 2013, va encore plus loin. La centrale de Fessenheim ne sera jamais démantelée selon lui !

François Hollande cherche à gagner du temps. Il va mettre la pression sur EDF pour fermer Fessenheim, histoire qu’on ne puisse pas l’accuser de ne pas avoir tenu sa promesse électorale. Quant au démantèlement, il n’aura jamais lieu, car ça coûterait aussi cher que la construction d’une centrale. Alors oui, on peut démonter les bureaux et les toilettes, mais qui va dépenser de l’argent pour déconstruire un site qui est bon pour la poubelle ? Quant à remplacer Fessenheim par une usine Tesla c’est un coup de sonde. Car le constructeur américain n’est absolument pas intéressé. 

Finalement, ce serait bien que François Hollande parle ce soir de Fessenheim à la télé. Histoire de nous éclairer un peu… Qui va l’entendre ? Selon un sondage Odoxa, 71% des français disent en pas vouloir l’écouter ce soir. 

Qu'avez-vous pensé de cet article ?

Vous avez déjà donné votre avis.

J'aime 2
Indifférent 3
J'aime pas 0