Dans une nouvelle évaluation, les académies des sciences européennes recommandent carrément le non-remboursement de l’homéopathie au sein de l’UE.

L’Institut de France reprend l’étude publiée le 29 septembre dernier. Extraits (et c’est du costaud) :

Dans une nouvelle déclaration, le groupe de travail de l’EASAC - un groupe composé de scientifiques européens de premier plan - déclare qu'il n'existe, pour aucune maladie, aucune preuve, scientifiquement établie et reproductible, de l’efficacité des produits homéopathiques - même s'il y a parfois un effet placebo.

Placebo = pour du beurre :

L’étude révèle que chaque cas, pour lequel une efficacité clinique d’un produit homéopathique a été revendiquée, peut s'expliquer par l'effet placebo, une mauvaise conception de l'étude, des variations aléatoires, une régression des résultats vers la moyenne ou un biais de publication.

Et le final, en mode “c’est même dangereux pour le patient mal informé” :

L'homéopathie soulève des questions relatives au consentement éclairé du patient, dans le cas où des praticiens prescrivent ou recommandent des produits qu'ils savent biologiquement inefficaces.

N’en jetez plus. Enfin si, à la lecture de cette enquête, on pourrait justement se jeter sur sa pharmacie et la vider des petites boules blanches et autres sirops aux plantes.

Allô, c’est Boiron 

Parler d’homéopathie, c’est comme débattre de politique lors d’un repas de famille : ça ne se fait pas, à moins de vouloir finir la conversation au couteau à fromage tellement les points de vues sont tranchés.

Pas possible de demander à la voisine, qui se soigne au miel depuis 50 ans, ce ne serait pas crédible.

Alors nous avons essayé d’avoir des avis éclairés de toubibs en Alsace sur cette question.

Mais entre les “mais si ça marche” et les “haha, enfin on dit la vérité”, difficile d’avoir une ligne simple à suivre.

Et le camp d’en face, il en pense quoi au fait de cette évaluation européenne ?

Tchapp a appelé Boiron à Illkirch-Graffenstaden. Ce laboratoire est l’un des grands acteurs de l’homéopathie en France, avec 29 centres de production installés un peu partout sur le territoire. 

Pour tout vous dire, on pensait se faire recevoir par un charmant : “ désolé, mais nous ne voulons pas commenter. Merci de joindre notre direction à Lyon”.

Oui, le siège de Boiron est à Messimy, près de Lyon.

Pas du tout ! Nous avons posé librement nos questions à Marie-Hélène Scheer, pharmacienne, directrice de Boiron Strasbourg qui fait travailler 30 personnes.

Les réponses sont savoureuses, au-delà du très attendu “faites nous confiance”. Boiron ne va pas nous dire qu’ils fabriquent des bonbons au sucre, c’est certain...

Mais tout de même, avec un peu de recul, voici de quoi alimenter un débat que vous ne manquerez certainement pas d’avoir avec vos proches.

“C’est incompréhensible”

Dire que la patronne du site d’Illkirch-Graffenstaden était sous le choc est un peu fort. Mais ce qu’elle appelle “une attaque” des académies des sciences européennes la laisse perplexe.

Je vais vous donner quelques chiffres pour illustrer le marché. 300 millions de personnes utilisent de l’homéopathie dans le monde. En France, 7 médecins généralistes sur 10 prescrivent de l’homéopathie. Dire que ça ne marche pas, ça veut dire qu’on est tous à côté de la plaque ? C’est totalement injuste.

L’étude demande, entre autres, “une exigence réglementaire minimale et cohérente sur les affirmations d'innocuité”. Sous entendu : elles sont pas sérieuses vos études…

Nous mettons 5 ans pour mettre une solution sur le marché. 5 ans de travaux, d’études, de dossiers aux autorités qui donnent, ou pas, l’autorisation de vendre. Nous devons répondre aux exigences de qualité de l’ANSM, agence française de sécurité du médicament. C’est réglementé et nous devons prouver la bonne qualité de fabrication. 

Un coup des labos classiques alors ? Difficile de dire qui sont les scientifiques qui forment ces groupes européens. 

Je ne sais pas si c’est une action du lobby de la pharmacie classique. Ce que je sais, c’est que la demande en homéopathie ne cesse de progresser. Les gens veulent plus de naturel dans leur vie, y compris pour les soins de santé. Beaucoup d’études indépendantes prouvent de réels effets sur les troubles ORL par exemple, ou musculo-squelettiques. 

Le magazine Top Santé a récemment publié un dossier sur l’utilisation de l’homéopathie à la place des antalgiques traditionnels

Mais alors, pourquoi cette fracture entre médecine classique (la bonne vieille chimie) et l’homéopathie (à base de plantes) ? 

Tout simplement parce qu’il faut reconnaître que nous ne savons pas pourquoi ça marche. Nous savons élaborer, nous connaissons les propriétés, mais difficile aujourd’hui d’expliquer les interactions avec le corps humain. Et il y a aussi le problème de la formation des médecins, encore insuffisante sur cette question. 

Les scientifiques européens préconisent le non-remboursement de l’homéopathie. Une grave erreur selon Marie-Hélène Scheer.

L’homéopathie en France, c’est 0,29% du total des remboursements de médicaments en France. Un traitement homéopathique coûte en moyenne quatre fois moins cher qu’un traitement traditionnel. Et en plus, un patient qui prend de l’homéopathie prendrait deux fois moins d’antidépresseurs qu’un patient traité aux médicaments classiques.

La sécu rembourse l’homéopathie à hauteur de 30%.

30%, c’est aussi le nombre des Français qui utilisent régulièrement l’homéopathie, de loin le plus gros marché au monde.

Efficace ou pas la “haute dilution” ? Parlez-en à votre médecin et surtout, faites le tri dans les infos que vous trouvez sur internet.

Pour l’homéopathie (site homéophyto) . Contre l’homéopathie (blog de l’Université de Poitiers). 

Et Boiron (614 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2016, capitalisation en bourse de 1,7 milliard d’euros) ?

Récemment, le laboratoire a du répondre aux exigences des fraudes américaines, et préciser sur ses boites écoulées outre-atlantique que “l’efficacité n’était pas scientifiquement prouvée”. (Article du Figaro).

En tout cas, l’essor d’une médecine plus naturelle est indéniable. Vous consultez de plus en plus des naturopathes par exemple (+18% en un an en France). 

Qu'avez-vous pensé de cet article ?

Vous avez déjà donné votre avis.

J'aime 17
Indifférent 0
J'aime pas 0