Plusieurs dizaines de personnes, radiées des listes électorales à Strasbourg, préparent des pourvois en cassation. Objectif : voter au second tour de la présidentielle le 7 mai.
“Je suis écoeurée”
Tchapp a contacté Laure Huber, une Strasbourgeoise en colère, radiée des listes électorales comme tant d’autres.
C’est elle qui a lancé dimanche soir une page Facebook “Les radiés du premier tour de la présidentielle — Strasbourg”.
Il fallait faire quelque chose, se fédérer. Avec d’autres personnes, nous avons décidé de lancer cette page Facebook pour rester en contact et échanger les infos. C’est important de dire que toutes les victimes de cette histoire peuvent nous rejoindre.
Dimanche 23 avril, Laure a essayé de voter, pendant 5 heures.
Bureau de vote 505 René Cassin, centre administratif, tribunal, c’était difficile et interminable. Moi et des dizaines d’autres personnes, nous étions sous le choc.
2000 personnes n’auraient pas pu voter dimanche lors du premier tour de la présidentielle en raison de cette affaire de radiation.
Ce mardi matin, un petit groupe s’est rendu au tribunal d’instance de Strasbourg pour déposer des pourvois en cassation. Mais… nous avons renoncé au dernier moment. Nous manquons de préparation, il faut des références à des textes législatifs par exemple. C’est reculer pour mieux sauter. Nous travaillons sur les pourvois, nous voulons rassembler plus de monde, ils seront bouclés avant la fin de semaine, vendredi.
Laure Huber espère un règlement rapide de la situation pour voter le 7 mai et plus tard aux législatives.
À Nancy, des cas similaires ce sont réglés dans la journée. Pas à Strasbourg, c’est quand même incroyable !
La faute à qui ?
À Strasbourg, tout le monde s’écharpe pour comprendre le scandale et trouver le ou les fautifs dans ce couac électoral.
Eric Elkouby, député PS de Strasbourg, s’en prend à la municipalité, PS également, et demande des réactions rapides pour permettre aux radiés de voter à nouveau.
J’en appelle au Maire de Strasbourg pour remettre de l’ordre sans attendre afin que les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois justifiant de leur bonne foi puissent être réintégrés sur la liste électorale pour le second tour des élections présidentielles et les scrutins à venir.
La ville de son côté blâme les radiés. Il fallait informer les services concernés des déménagements successifs et vérifier son inscription sur les listes.
Eric Schultz, l’adjoint au maire de Strasbourg chargé justement des questions de listes électorales, a déclaré :
C’est au citoyen d’informer la mairie de son changement d’adresse, comme il le fait auprès de la Sécurité sociale ou pour sa carte grise. Aller voter depuis 10 ou parfois 15 ans dans le même bureau de vote après avoir déménagé est une mauvaise habitude.
Une mauvaise habitude… Laure Huber rit jaune.
On me reproche de pas avoir signalé mon déménagement. Mais c’était il y a 14 ans, et j’ai déménagé de l’Esplanade à l’Elsau ! En plus, ça fait 14 ans que je vote, la dernière fois en mai 2016 pour la législative partielle.
Et pendant 14 ans, Laure n’a jamais utilisé de carte électorale.
Jamais. Dans les bureaux, personne ne m’a réclamé une carte électorale, je votais avec mon passeport, qui comporte ma nouvelle adresse et tout se passait très bien jusqu’à présent. J’étais dans mon bureau de vote il y a un an ! Quand, en octobre dernier par exemple, on nous demande de bien s’inscrire sur les listes avant la fin de l’année, que vous ne vous doutez de rien, vous allez vous emmerder à chercher une carte électorale qu’on ne réclame même pas ?
Mauvaise habitude peut-être, mais en face, il y aussi un peu de laxisme ou de désorganisation, non ?
