Le résistant, le dernier des Mohicans… Jean-Jacques Strauss, développeur de photographies argentiques, ouvre les portes de son atelier ce week-end à l’occasion des Journées Européennes des Métiers d’Art.

Labo 1000 à Schiltigheim.

35 mm

Le grand laboratoire de Jean-Jacques est un lieu hors du temps. Ça sent le labo de chimie tout d’abord.

Normal, ici on développe des photographies argentiques, des pellicules 35 mm par exemple, à l’ancienne, avec des bains, des révélateurs, des fixateurs, dans le noir, un thermomètre et un chronomètre. 

Ensuite, tout est ancien, les tireuses, les agrandisseurs. Certains appareils ne doivent pas tomber en panne, les pièces détachées n’existent plus. 

Face au numérique dernier cri, Labo 1000 fait musée. On est resté à l’analogique...

D’ailleurs, de vieilles péloches et d’anciens appareils photos trônent un peu partout, en souvenir d’un glorieux passé.

Non, le lieu n’est pas branché, il n’y a pas de scanner 3D, le gaillard n’a même pas de page Facebook ou de compte Instagram, c’est dire !

Mais, Jean-Jacques Strauss entame une seconde vie. Grâce à vous...

Revival

Comme le vinyle, la photo argentique, sur pellicule, avec des vieux appareils photos, est en plein boom. 

Je remarque un vrai engouement des Digital Natives. J’augmente mes volumes, j’aide, je conseille, la nouvelle génération prend la relève, c’est formidable.

Jean-Jacques Strauss a ouvert Labo 1000 en 1985, à une époque ou on disait encore “clic clac, merci Kodak !”.

Aujourd’hui, c’est le dernier labographe de Strasbourg, l’un des derniers en France. 

Vous pouvez faire développer vos pellicules dans les grandes surfaces ou dans certaines boutiques. Rien d’exceptionnel finalement.

Lui, il va bien plus loin. C’est un véritable laboratoire, avec des produits chimiques, des outils et des procédés de pros. De l’artisanat aux petits oignons.

Je suis le seul dans le coin à utiliser des machines de transfert. La pellicule est plongée dans des bains, sans aucun contact avec l’appareil, comme quand tu développes à la main, que tu plonges dans ton bac. Il reste moins de 5 machines de ce type en France, j’en ai deux. Je pilote toutes mes chimies. 

Il l’assure, le résultat est dingue, bien supérieur aux impressions numériques des pellicules.

Tout est fait à la main. Tout prend du temps. Les pellicules noir et blanc sont développées dans le noir complet. Les agrandissements se font sur des tables spéciales.

À l’époque, Labo 1000 carburait à la commande d’agences de pub, de studios, de grands photographes. Puis le numérique a fait plonger l’affaire.

C'est galère. Économiquement, c’est très fragile. Le métier a failli disparaitre à cause du numérique, mais ça va de mieux en mieux. Les jeunes retrouvent les appareils des parents et ils utilisent des pellicules. Le rendu est tellement différent. 

Preuve aussi du renouveau de l’argentique, les industriels s’intéressent à nouveau à ce marché. Le numérique ultra concurrentiel patine, l’argentique rapporte encore un peu (grâce aux photos instantanées entre autres), de nouveaux films vont voir le jour cette année (Kodak Ektachrome). Une révolution ! 

Je suis artisan

Pour les journées européennes des métiers d’art, organisées ce week-end du 31 mars au 2 avril, Labo 1000 ouvre ses portes.

Je vais montrer comment agrandir une photo, comment numériser une diapositive. Et puis il faut quand même un savoir faire certain pour développer une belle photo sur papier glacé. Je peux passer plus de 3 heures sur un seul tirage. Evidemment, je ne gagne pas ma vie comme ça, c’est la passion qui parle.

Témoignage en vidéo dans notre player.

Labo 1000, 4 rue de la Bonde, Schiltigheim. 03 88 81 10 24. 

Le programme complet des journées des métiers d’art est à consulter sur ce site internet. En tout en Alsace, 68 ateliers d’artisans-artistes participent à l’opération.

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