Rémi Picot est berger et maraicher bio à Pfaffenhoffen. A 66 ans, il va laisser son exploitation à un jeune couple de moins de 30 ans. “C’est l’avenir” comme il l’explique à Tchapp.

Demain dimanche, vous pourrez visiter son exploitation, entièrement dédiée à la biodynamie. Il y aura une fête pour célébrer cette transmission. Depuis les années 80, Remi défend une certaine idée de l’agriculture…

“Il faut du fumier”

Pour Rémi Picot, la biodynamie, très en vogue actuellement, est d’abord un lien privilégié entre la terre, la plante, l’homme. 

Pas de pesticides, pas d’engrais chimiques comme dans l’agriculture industrielle. J’utilise du fumier pour mes légumes. La biodynamie, c’est comme l’homéopathie en médecine. Nous préparons les sols, avec des techniques qui peuvent favoriser certains minéraux bons pour les plantations.

Tout le monde ?

C’est comme un retour aux sources la biodynamie, on retrouve ses esprits en quelque sorte, en ne gavant pas la terre et les bêtes de composés chimiques.

Si c’est bio, c’est bon ? Question difficile. En tout cas le bio intéresse de plus en plus. Les ventes de produits alimentaires bio ont augmenté de 15% en France en 2015 pour représenter 6,5 Milliards d’euros. 6 français sur 10 ont acheté un produit bio au moins une fois l’an dernier. C’est l’avenir, assurément. Le bio ne représente aujourd’hui que 3% du marché français. 

Nouvel Eldorado ? Tout le monde va se lancer dans l’agriculture ‘raisonnée’ ?

C’est vachard comme question. Ce sera difficile du jour au lendemain. Mais il y a franchement du mieux. Je suis très optimiste, la société civile est prête. Et avec toutes les crises agricoles du moment (prix du lait etc...), il faut bien se rendre compte qu’il faut privilégier une autre voie. A condition que le politique aide pour parvenir à une harmonisation des coûts en Europe. Les différences, même en bio, sont trop importantes avec l’Allemagne par exemple.

lâche un Rémi Picot toujours militant.

Trop ‘bobo’ ?

Quand même, le bio c’est pas donné… Faites vos courses dans un magasin classique et dans une boutique bio, vous sentirez la différence. Plus 30% en moyenne pour la note finale, du simple au double même sur certains produits (fromages, viandes). La démarche ‘Green’, l’étiquette en bambou recyclé ne peuvent pas tout justifier. Si c’est plus simple, sans achats de pesticides par exemple, pourquoi c’est plus cher ?

Tout simplement parce que la filière n’est pas encore assez efficace sur la distribution. Il faut savoir que les circuits de grossistes en bio sont plus compliqués avec de petites quantités de produits à gérer. C’est plus onéreux. Autre chose : les primes de la Politique Agricole Commune sont versées pour le matériel, pas pour la main d’oeuvre. Donc une exploitation bio qui va utiliser plus de mains qu’un producteur classique aura plus de charges. Pour des quantités récoltées bien moindres…

L’astuce de Rémi pour consommer bio sans se ruiner ? La vente directe... En achetant vos produits directement à la ferme ou dans des associations spécialisées, vous évitez certains coûts d’intermédiaires. 

Et en plus, il y a la proximité, qui est quand même très importante dans notre démarche.

Retraite

En juillet, Rémi est en retraite. Sa bergerie de Pfaffenhoffen, il va la louer à un jeune couple de 27 et 28 ans, Marion et Vincent. Là aussi, la démarche est militante.

Je ne veux plus entendre parler de spéculation foncière sur la terre, donc, tout est verrouillé ! 

Sa ferme “Terre de liens”, est en fait la propriété d’une fondation, qui va louer l’ensemble à ce couple. A la retraite de ce couple, il y aura d’autres ‘locataires’ et ainsi de suite. Impossible d’y voir pousser un immeuble un jour.

Ce sont des germes d’agriculture d’avenir…

La ferme de Remi Picot, 18 rue de Liffol Le Grand à Pfaffenhoffen. 03 88 72 54 21. Début des visites dès 10h le dimanche 24 avril. Visitez la page Facebook ici.

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