L’endroit, étonnant, se visite tous les jours de la semaine, du lundi au vendredi. Il y a très longtemps, on soignait avec le vin !

C’était bien avant la loi Evin contre l’alcoolisme (1991). La première pierre de cette cave semi-enterrée au coeur de Strasbourg a été posée en 1395.

Au fur et à mesure, l’hôpital de Strasbourg était devenu un important propriétaire de terres et de vignes. Les malades payaient les soins avec ce qu’ils possédaient. Des Carmélites ont cultivé la vigne, le vin était distribué aux malades pour ce qu’on appelait la thérapie par le vin.

Thibaut Baldinger, le responsable de la cave, vous raconte l’histoire du lieu avec passion. Témoignage en vidéo dans notre player.

Des fûts sont exposés, dont un a été présenté durant l’Exposition Universelle de 1901 à Paris. Vous pouvez visiter des galeries également.

1472

La cave abrite le plus vieux vin blanc au monde. Il date de 1472 et trône depuis 2015 dans un tonneau tout neuf. L’ancien fuyait.

Non, ce n’est pas de la piquette, c’est encore du vrai vin, pas du vinaigre, les analyses l’affirment.

Mais personne ne peut le boire. Sauf événement incroyable, genre, une guerre.

Le dernier à l’avoir goûté, c’est le général Leclerc, en novembre 1944, à la libération de la ville.

Une cave sauvée

Début des années 90, la cave se casse la figure, aussi à cause de la loi Evin (encore lui), qui durcit les conditions de production.

On était à deux doigts de fermer cet endroit. Vous vous rendez compte ? Près de 600 ans d’histoire… L’institut de pharmacie voulait sortir les fûts et transformer la cave en stockage de médicaments. Heureusement, on a évité la cata.

Comment ? 37 vignerons de la région ont financé la réfection du lieu et des barriques, en échange d’un deal sur 50 ans.

Pour faire court, ils peuvent se servir du lieu pour vinifier leurs meilleurs vins entre 6 et 10 mois. Puis proposer des bouteilles aves la prestigieuse étiquette “Hospices civils de Strasbourg”.

C’était en 1994. En 2017, il reste 26 vignerons alsaciens dans le deal, 14 du Bas-Rhin, 12 du Haut-Rhin.

Chaque année, nous produisons environ 140 000 bouteilles dans 54 tonneaux. Il fait 16° dans la cave, hygrométrie de 75%, c’est unique, c’est le top, très très peu de gens peuvent bénéficier de telles conditions.

À la question “un vin élevé ici est-il meilleur que le même élevé ailleurs ?”, Thibaut Baldinger répond avec la banane : “Et comment !”

Il y a eu déjà des tests par le passé. Les conditions, les barriques, tout semble améliorer la vinification.

C’est la magie oenologique de la cave…

Au détour des bouteilles, on tombe sur la belle cuvée Cathédrale, un pinot gris 2014 pour célébrer le millénaire de Notre-Dame.

Légion

Autre particularité de cette cave, les autres vins proposés. C’est peu commun mais les connaisseurs savent y faire d’excellentes affaires.

En dehors des vins de nos producteurs alsaciens, nous ne proposons que des vins des domaines publics en France, l’INRA par exemple, ou les lycées agricoles. Mais nous goûtons avant et je peux vous dire qu’il y a des surprises.

Vous connaissez St-Émilion par exemple, ou Sauternes. Ça coûte une blinde non ? Prenez un lycée agricole du coin, qui fait du vin avec ses élèves, accompagnés de grands oenologues. Imaginez la suite…

Ce sont des appellations périphériques, et encore, pas tout le temps. Mais la qualité est là. Ils n’apprennent pas à faire du mauvais vin. Et quand vous achetez, c’est le lycée ou l’organisme public qui en profite.

Autre exemple, le plus surprenant.

J’ai un magnifique Côte de Provence, fabriqué par les anciens de la Légion Étrangère. Les gens n’y croient pas (rires) ! Il y a 10 ans, c’était vraiment pas bon. Mais tout a changé et je peux vous dire que c’est excellent.

7 euros la bouteille… À consommer avec modération.