Portraits de Téhéran est un guide touristique sur la capitale iranienne, écrit par Sara Saidi, une journaliste strasbourgeoise.

L’approche est originale : raconter la ville en faisant le portrait de ses habitants, des personnalités, des étudiants, des artistes, qui racontent la vie à Téhéran.

Ce n’est pas une simple liste de choses à voir, le livre propose des rencontres, des tranches de vie, une sorte de projection vers la culture et le bouillonnement de la capitale.

Perse

Sara Saidi a passé trois ans en Iran à partir de 2016. Pour son taf, elle a réalisé des reportages, sur les transformations et chamboulements de la société civile.

C’est elle qui, entre autres, à couvert le phénomène My Stealthy Freedom

Des femmes en Iran, bravent les interdits et postent des selfies sur le web, sans voile sur la tête, rigoureusement obligatoire.

L’Iran est une terre de contradictions. Pays incroyable à la culture et à l’histoire très riche, c’est surtout une république islamique très ferme avec les droits de l’Homme, à l’opposé d’une démocratie occidentale par exemple, surtout pour les femmes.

Il n’y a qu’à lire le rapport d’Amnesty International sur l’Iran pour se coller quelques frissons dans le dos… Extrait :

Les autorités ont imposé des restrictions sévères à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, ainsi qu’à la liberté de religion et de conviction. Les autorités cautionnaient la discrimination et la violence généralisées fondées sur le genre, les opinions politiques, les convictions religieuses, l’origine ethnique, le handicap, l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

Alors, “Téhéran, bienvenue en enfer” ? Sans renier les difficultés du pays, Sara Saidi, franco-iranienne, a tenté une autre approche. 

Ce livre doit vous donner envie de découvrir un peuple qui a soif de changements, et qui sait, en rusant, sous certaines formes, vivre comme partout ailleurs dans le monde.

En vidéo dans notre player sur l’application Tchapp (gratuite sur iOS et Android), voici Tchapp Tchatche, une rencontre avec Sara signée Nina Gerolt.

Un café à La Taverne Française de Strasbourg, un échange sur tout et rien, sur la vie à Téhéran, son bouquin, les peurs des occidentaux, Sara Saidi a raconté son Iran.

Préjugés ?

Tapez “Iran” sur Internet et vous tomberez certainement sur cette dernière actualité : Nasrin Sotoudeh, avocate militante des Droits de l’Homme, condamnée à Téhéran à 148 coups de fouet et 38 ans de prison pour “propagande contre le système

Lauréate du Prix Sakharov délivré en 2012 par le Parlement Européen de Strasbourg, Nasrin Sotoudeh a irrité le régime en place, en défendant des filles qui voulaient simplement enlever le voile dans l’espace public. 

L’Iran au quotidien, d’ici, c’est aussi le dossier nucléaire avec le conflit contre Donald Trump. Effrayant ? Oui, certainement.

Mais pour Sara Saidi, le peuple iranien n’a rien à voir avec son élite politique et religieuse. Et mérite un autre regard, et surtout, une visite touristique…

La jeunesse iranienne par exemple, n’a jamais eu autant soif de culture et d’émancipation selon elle.

Vous allez être en contact avec les gens, pas les politiques. La différence est énorme parce que si vous respectez quelques règles (comme se couvrir la tête pour les femmes), il y a peu ou pas de problèmes. Les moins de 35 ans recherchent le contact avec l’étranger et veulent partager une histoire. Téhéran se developpe, avec des cafés, des restaurants, de l’art. La vie sur place est très éloignée des clichés véhiculés par les gros titres de l’actualité ou les Américians…

Sara explique qu’elle n’a pas eu de mal à faire son livre. Qu’au quotidien, sur place, c’est surtout l’auto-censure qui pose un problème, tellement les règles à respecter pour lisser la société dans le dogme religieux sont prégnantes.

Portraits de Téhéran, de Sara Saidi, aux Editions Hikari, 18,90 euros.

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